De l'osmose du fond et de la forme
J'aimerais bien parler de quelque chose qui mériterait une question d'interview pour Willy.
En gros, ton style graphique de peinture numérique agrège diverses images, textures, éléments auxquels tu donnes une réelle cohérence par un énorme travail de lissage, qui fait qu'une illustration de Willy Favre ne peut pas être confondue avec une autre.
Et sur Backslash, j'ai l'impression que tu as fait la même chose au niveau du texte. À savoir que tu as rassemblé plein de tes inspirations, que tu les as mêlées, puis que tu es venu les "pétrir" pour les harmoniser en un univers avec une identité singulière qui - bien que l'on y distingue les influences - sonne vraiment unique et personnelle.
Je ne sais pas pour les autres lecteurs, mais perso ça m'a frappé cette parfaite alliance du texte et de l'image qui m'ont paru partager ce point commun. D'un agrégat naît une entité pleine et entière, qui devient plus que la somme de ses constituants.
D'autant que ce soit pour l'un ou l'autre aspect, tu es au summum de ton art ! J'ai passé parfois plusieurs minutes sur telle ou telle illustration afin de la déchiffrer, d'y déceler des détails et indices cachés, des clins d'œil, etc. Quant au texte, il est puissant et évocateur, laissant à imaginer cet univers de cauchemar qui paradoxalement donne sacrément envie de s'y plonger.
Bref tout ça pour dire qu'AMHA, Backslash constitue vraiment un sommet de ta carrière. Les chapitres où tu te livres un peu sur sa création donnent même à penser qu'il s'agit de ton jeu le plus personnel et clairement, on y sent ton âme affleurer à chaque page.
Merci pour nous l'avoir offert.
Merci beaucoup pour ce message Romain, voir autant d'enthousiasme me fait chaud au coeur.
Par contre, je ne sais pas vraiment quoi répondre en premier lieu. Je pense que cette osmose dont tu parles vient surtout du temps de maturation du projet. J'ai fait quasi 10 versions plus ou moins différentes du système, six fiches de perso et j'ai énormément hésité sur l'aspect graphique ces dernières années. J'ai fait plein de tests, je me suis perdu dans diverses directions. Et c'est mon autre projet SF qui m'a fait avancer sur ce point, en me faisant réaliser que mon style c'était beaucoup de couleurs qui pètent et qu'il fallait donc assumer à un moment donné.
Avec Backslash, j'ai pensé à ce que j'aimais faire, ce que j'appréciais, en ne cherchant pas nécessairement à trancher au milieu ou faire des compromis avec un éditeur. J'y ai donc mis tout ce qui me porte dans cette thématique horrifique depuis que j'aime ce genre. En fait, c'est surtout le premier jdr depuis Brain Soda sur lequel j'ai été totalement libre de la forme, du volume, du format...etc.